Tous les sujets de philosophie au baccalauréat 2024

Avertissement : Plutôt que de vous proposer des « corrigés » du bac tous plus ou moins satisfaisants, et suivant l’injonction fondatrice des Lumières énoncée par Kant « Aie le courage de te servir de ton propre entendement. » ; Philosophia, en partenariat avec les Editions M-Editer, vous proposent différents éclairages possibles des sujets du baccalauréat de philosophie de cette année, pour que vous vous fassiez votre propre opinion éclairée.

– Série générale

Illustration ©Chaunu

Sujet n° 1 : La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?

Éclairage n° 1 : Comment accéder au savoir ?, Jacques Ricot

Présentation : Socrate avait coutume de dire qu’il ne savait qu’une chose, c’est qu’il ne savait rien. Qu’est-ce qu’un ignorant peut bien nous apprendre ? On se doute qu’il y a dans ce type de propos une part de provocation. Socrate est ironique, mais au sens grec : « eirôeumaï » signifie « je questionne ». Socrate est donc l’inventeur de l’art d’interroger, c’est-à-dire de débusquer nos ignorances derrière nos certitudes apparentes. Croire que l’on sait, est un obstacle à la connaissance. Il faut commencer par savoir que l’on croit savoir. C’est l’expérience du serviteur de Ménon qui croyait que le double de la surface d’un carré s’obtenait en multipliant par deux la longueur de son côté. Bien interrogé, il découvre son erreur et se sait ignorant : le voici mûr pour entrer dans le savoir.
La mère de Socrate était sage-femme, accoucheuse des corps. Son fils philosophe, prétendait accoucher les esprits, c’est-à-dire favoriser l’accès au savoir. Mais comment apprendre ? Le savoir est toujours un acte solitaire car il est appropriation personnelle. L’accoucheur des esprits ne se substitue pas à l’élève, pas plus que l’accoucheuse des corps n’apporte à la mère le bébé. L’accouchement, en grec, c’est la maïeutique. Ce mot a fini par désigner l’art d’interroger pour accéder positivement à un savoir à découvrir au fond de soi. Après la phase de déstabilisation de l’ironie socratique où l’on sait que l’on ne sait pas, vient la maïeutique où, par l’art du questionnement, l’on parvient à aider le sujet à découvrir le savoir enfoui au fond de lui-même. Ainsi, sous la conduite de Socrate, le serviteur de Ménon saura comprendre que, pour doubler la surface d’un carré, il faudra construire une nouvelle figure dont le côté sera égal à la diagonale de la première.

En savoir plus sur l’auteur Jacques Ricot http://m-editer.izibookstore.com/auteur/4/Jacques%20RICOT

Aller plus loin :
– Platon, Ménon, 81 e- 85 b.
– M. Canto-Sperber (dir.), Les Paradoxes de la connaissance. Essais sur le Ménon de Platon. Odile Jacob, 1991.
– J. Ricot, Leçon sur savoir et ignorer, PUF, 1999.

Éclairage n° 2 : Qu’est-ce que la vérité ?, Angélique Thébert

Présentation : Nous partirons de la définition classique de la vérité qui présente le discours vrai comme un discours qui dit le monde tel qu’il est, qui en est un reflet adéquat. Que vaut une telle approche à l’heure où nos discours ne semblent plus être que de lointains échos du monde? Devons-nous faire le deuil de la vérité objective, voire d’une réalité partagée, et nous contenter de diffuser des points de vue sans commune mesure? Nous expliquerons pourquoi il nous semble que l’amour de la vérité n’a pas à être monnayé, pourquoi ce n’est pas liberticide de considérer que l’homme n’est pas l’entier artisan de la vérité, en somme pourquoi il y a toujours un sens à parler de vérité objective.

Angélique Thébert est maître de conférences à l’université de Nantes http://m-editer.izibookstore.com/auteur/38/Angelique%20THEBERT

Éclairage n° 3 : À propos du « Je pense donc je suis » cartésien en particulier et de la vérité, en général

Présentation : Existe-t-il un point de départ certain pour philosopher? Pour le savoir chacun peut se livrer à l’expérience de pensée proposée par Descartes : il s’agit de jouer à être sceptique, à douter de tout, de son existence et en particulier de celle de son corps, de brouiller la frontière entre l’état de rêve et celui de veille, et même de douter que l’on existe. Mais voici que notre petit jeu nous conduit à une conclusion évidente : le fait de douter, et même celui de douter que l’on doute, c’est encore une pensée, je suis donc certain d’être une chose pensante au moment même où je crois tout mettre en doute de façon exacerbée. « Je suis, moi j’existe » proclame Descartes à la fin de l’expérience de pensée. Et c’est le point de départ de sa philosophie.

Instructions : Lisez, écoutez les présentations suivantes  et répondez aux questions de compréhension proposées.

Éclairage n° 4 : S’il y a de l’irréfutable en science, qu’est-ce qui la distingue d’une idéologie ?, Yvon Quiniou

Présentation : Qu’il y ait de l’irréfutable et donc de la vérité est une idée qui est peu à la mode à notre époque post-moderne, et le texte de présentation générale de ces Rencontres le montre bien. Cela tient à une montée de l’irrationalisme en philosophie, qui érige la multiplicité des options intellectuelles (et non des «vérités», dont le pluriel est absurde) en situation définitive pour l’esprit humain. Or je voudrais montrer le contraire et indiquer que, théoriquement au moins, la vérité existe dans le domaine des sciences exclusivement, et seulement en elles, si l’on sait bien la définir et exhiber ses critères eux-mêmes irréfutables –ce que soutiennent courageusement quelques grands penseurs (Marx, Russell, Bachelard). L’on récusera alors la thèse de Foucault selon laquelle «la» vérité se ramènerait à des «jeux de langage» liés à des «dispositifs de pouvoir» historiquement relatifs, sans correspondance véritable avec la réalité extérieure. Du coup, la philosophie elle-même, et conformément à son ambition originelle, peut y prétendre dès lors qu’elle se met, modestement mais rigoureusement, à l’écoute de la science pour en révéler, par un travail réflexif spécifique, la vérité philosophique implicite, qui est de nature matérialiste. Elle échappe alors à la sophistique contemporaine, souvent idéaliste, qui la condamne à n’être qu’une philodoxie et qui ne sait pas nous orienter vraiment dans la pensée.

Conseil de lecture : L’idéologie allemande, Marx, Engels ; Le rationalisme appliqué, Gastond Bachelard ; Bertrand RUSSELL, Pour retrouver confiance en la raison, Yvon Quiniou, Éditions M-Éditer, 2018 ; Misère de la philosophie contemporaine au regard du matérialisme. Heidegger, Husserl, Foucault, Deleuze, Yvon Quiniou, L’Harmattan, 2016.

En savoir plus sur Yvon Quiniou http://m-editer.izibookstore.com/auteur/10/Yvon%20QUINIOU

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Sujet n° 2 : L’État nous doit-il quelque chose ?

Éclairage n°1  :  L’État est-il « le plus froid des monstres froids » ?, Joël Gaubert

Présentation : Présentation : L’État est l’institution politique qui structure une société selon la distinction et l’articulation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, pour en assurer le gouvernement, la cohésion, l’unité, et garantir la sécurité, voire la liberté et l’égalité, des individus qui la composent, ce dont l’État dit « social » et même « Providence », qui fait l’orgueil de notre contemporanéité démocratique, constituerait l’heureuse forme historique finale. Cependant, cette avantageuse auto-présentation ne constituerait-elle pas, au mieux, une simple illusion et, au pire, un habile mensonge, ayant pour fonction idéologique de faire croire à l’unité de la société là où règne, en fait, la diversité et l’inégalité des conditions ; au libre rapport gouvernants/gouvernés là où règne l’asservissant rapport dominants/dominés ; bref : de faire croire à l’émancipation là où sévit, en fait, l’aliénation, ce qui pourrait justifier que la société et les individus qui la composent se révoltent contre un État qui pourrait bien être « le plus froid des monstres froids » (Nietzsche), et cela, paradoxalement, jusque dans nos démocraties les plus libérales ? Faudrait-il alors en appeler à la société contre l’État, ou, bien plutôt, refonder l’État, pour la société et l’humanité ?

Conseil de lecture : L’État-nation, une idée et une réalité dépassées ?, Joël Gaubert, Éditions M-Éditer, 2015 📖 👉 https://m-editer.izibookstore.com/produit/204/9782362871474

Éclairage n° 2 : John RAWLS – Qu’est-ce qu’un État juste ?, Olivier Dekens 

Présentation : Depuis Platon, la question de la justice, dans la Cité puis, plus tard, dans l’Etat, a été au cœur de la réflexion philosophique. S’articulant au droit, à la morale, à la religion, à l’économie, à la culture, ce problème occupe tout ceux qui tentent de proposer un modèle d’organisation des rapports sociaux assurant à chacun non seulement le respect de ses droits fondamentaux, mais aussi la jouissance de biens, dont il faudrait assurer la bonne répartition.
Prenant la suite des grandes théories contractualistes (Hobbes, Locke, Rousseau), le philosophe américain John Rawls présente, dans sa Théorie de la justice (1971), une véritable remise à plat de cet antique débat, par une formalisation inédites des difficultés, et avec un réel souci d’application concrète. Voile d’ignorance, position originelle, principe d’équité, consensus par recoupement : autant de notions que Rawls introduit dans la philosophie contemporaine, et que nous discuterons, dans leurs fécondités et leurs limites.

Conseil de lecture :  Théorie de la justice, John Rawls

Éclairage n° 3 : KANT – La paix des États démocratiques n’est-elle que de confort ou de droit ?, Karine Prévot

Présentation :«La guerre n’est pas une relation d’homme à homme mais une relation d’État à État.» (Rousseau, Du Contrat Social, livre I, ch. 4). Le problème de la guerre et de la paix se pose en partie comme celui de la coexistence entre États. En tant qu’ils représentent les unités politiques dépositaires de la violence organisée, les États et avec eux les relations internationales apparais-sent comme des lieux privilégiés d’une pensée de la guerre et de la paix. En effet, la construction d’une paix intérieure n’empêche pas chaque État de se réserver le droit d’employer la violence. De fait, la pluralité des États ne rend-elle pas la guerre inévitable?

Conseil de lecture : Paix et guerre entre les nations, Raymond Aron, Paris, Calmann-Lévy, 1984

Éclairage n° 4 :  La société contre l’Etat ?

Présentation : Où en sommes-nous aujourd’hui, en France en particulier, de notre rapport à l’État, et que souhaitons-nous faire de cette institution face aux défis sociaux, économiques et environnementaux que notre temps nous impose ? L’histoire occidentale et la tradition philosophique dominante ont en commun d’avoir installé très durablement l’idée selon laquelle l’État serait la forme la plus accomplie de l’autorité politique, la plus légitime et la plus efficace aussi. État de droit, État souverain, État-Providence : sous ses différentes formes, l’institution étatique incarnerait, pour une société, l’ordre et la possibilité d’une relative harmonie. Bien des événements, récents ou déjà anciens, tendent tout de même à remettre en question une telle évidence : peut-on sans la discuter affirmer la nécessité absolue d’un État ? N’a-t-on pas parfois des raisons de douter de la légitimité de l’ordre qu’il impose, ou des modes de son pouvoir ? La société, si on entend par là à la fois l’ensemble des individus, mais aussi les corps intermédiaires, le milieu associatif ou le tissu relationnel de la communauté, ne pourrait-elle pas souffrir parfois de cette emprise étatique ? N’aurait-elle pas aussi des ressources propres pour assurer son bon fonctionnement sans l’usage de la force, fût-elle légale ?

Playlist en construction qui, à terme, vous proposera 30 axes de réflexions.

Sujet n° 3 : Explication de texte extrait de La Condition ouvrière de Simone Weil


« Toute action humaine exige un mobile qui fournisse l’énergie nécessaire pour l’accomplir, et elle est bonne ou mauvaise selon que le mobile est élevé ou bas. Pour se plier à la passivité épuisante qu’exige l’usine, il faut chercher des mobiles en soi-même, car il n’y a pas de fouets, pas de chaînes ; des fouets, des chaînes rendraient peut-être la transformation plus facile. Les conditions mêmes du travail empêchent que puissent intervenir d’autres mobiles que la crainte des réprimandes et du renvoi, le désir avide d’accumuler des sous, et, dans une certaine mesure, le goût des records de vitesse. Tout concourt pour rappeler ces mobiles à la pensée et les transformer en obsessions ; il n’est jamais fait appel à rien de plus élevé ; d’ailleurs ils doivent devenir obsédants pour être assez efficaces. En même temps que ces mobiles occupent l’âme, la pensée se rétracte sur un point du temps pour éviter la souffrance, et la conscience s’éteint autant que les nécessités du travail le permettent. Une force presque irrésistible, comparable à la pesanteur, empêche alors de sentir la présence d’autres êtres humains qui peinent eux aussi tout près ; il est presque impossible de ne pas devenir indifférent et brutal comme le système dans lequel on est pris ; et réciproquement la brutalité du système est reflétée et rendue sensible par les gestes, les regards, les paroles de ceux qu’on a autour de soi. Après une journée ainsi passée, un ouvrier n’a qu’une plainte, plainte qui ne parvient pas aux oreilles des hommes étrangers à cette condition et ne leur dirait rien si elle y parvenait ; il a trouvé le temps long. »
Simone Weil, La Condition ouvrière (1940)

Éclairage n° 1 :  Simone Weil – Le travail ou la vie ?, Nadia Taïbi

Présentation : L’objet de cette analyse est de comprendre la signification de l’oppression saisie dans les méthodes de travail elles-mêmes. Il s’agit de révéler la portée de la séparation de la vie et du travail telle qu’elle s’impose dans les différents modes de production. Or, celle-ci se rapporte au modèle de Taylor et en fait un paradigme qui transcende, dans sa signification, le simple établissement du travail à la chaîne.

En savoir plus sur l’auteur Nadia Taïbi : http://m-editer.izibookstore.com/auteur/61/Nadia%20TAIBI

Éclairage n° 2 : MARX – De quoi l’aliénation de l’homme au travail le mutile-t-elle ?, Yvon Quiniou

Présentation : La question de savoir si le travail est une aliénation ou non est une grande question anthropologique et politique. Car si l’homme en général a besoin du travail pour vivre et dominer la nature, il ne le fait qu’à travers des formes particulières de travail dont beaucoup, en régime capitaliste, sont aliénantes, comme Marx l’a établi. Elles empêchent le travailleur productif de s’épanouir dans son activité et, surtout, elles mutilent sa vie, faisant obstacle à l’actualisation de ses potentialités naturelles, le rendant autre que ce qu’il pourrait être dans d’autres conditions, étranger à lui-même. C’est donc sans doute hors du seul travail, dans l’activité créatrice, que l’homme peut accéder à la vraie liberté.

Conseil de lecture : Les chemins difficiles de l’émancipation, 1ère partie, Yvon Quiniou, Kimé.

Éclairage n° 3 : Qu’est-ce que le travail ?

Présentation : Alors même que tous les jours nous entendons parler du travail et de tous les sujets qui y sont liés – emploi, chômage, salaires, etc. – il semble que ce thème appartienne essentiellement aux politiques, aux économistes, aux médias. Bizarrement, lorsqu’on interroge le philosophe, la première question qu’il paraît judicieux de lui poser est : « Qu’est-ce que le travail ? ». Comme si, finalement, tous les autres parlaient de quelque chose qu’ils ignorent tout en passant pour des spécialistes. À moins que s’interroger sur la définition même du travail, ce soit prendre le temps d’un petit pas de côté pour se donner les outils conceptuels nécessaires à la pensée du travail aujourd’hui. Mais là commencent les difficultés : existe-t-il seulement une définition du travail ? Y a-t-il quelque chose de commun à tous les types de métiers ou d’emplois qui permettrait d’identifier l’objet « travail » ? En réalité, si l’on interroge le philosophe, il faut s’attendre à ce que, loin de donner facilement une réponse qui permette de régler tous les problèmes, on prenne le risque de se retrouver face à d’autres questions qui, du moins, sont peut-être la première urgence à affronter pour se donner matière à réflexion.

– Séries technologiques

Sujet n° 1 : La nature est-elle hostile à l’homme ?

Éclairage n° 1 :   Qu’est-ce que la nature ?, Catherine Larrère

Présentation : Depuis les années 1970, l’attention portée à la crise environnementale et aux questions écologiques a redonné à la nature une place qu’elle avait largement perdue dans l’interrogation philosophique. Cela a fait en même temps du concept de nature l’objet de multiples débats. De quelle nature s’agit-il, comment en parler, à l’aide de quelles catégories? Peut-on encore utiliser ce terme aujourd’hui, et si oui, comment ?

Conseil de lecture : Penser et agir avec la nature, une enquête philosophique, Catherine Larrère, La Découverte, 2015

Éclairage n° 2 :  Lire et relire LE MYTHE DE PROMÉTHÉE et (re)penser « Notre rapport à la nature », David Lebreton

Présentation :Le mythe de Prométhée n’est pas qu’une histoire à dormir debout. C’est également une proposition très riche et complexe sur la nature humaine, le rôle qu’y jouent la technique et la politique et sur notre place dans la nature. Nous nous invitons donc à (re)découvrir les nuances de ce mythe.

Conseil de lecture :
– Platon : Protagoras
– Pierre HADOT : Le voile d’Isis
– Jean-Pierre VERNANT : L’univers, les dieux, les hommes

Éclairage n° 3 : Climat transformé : entre valeurs épistémiques et nécessairement non épistémiques, Anouk Barberousse

Présentation : Lorsque les physiciens commencent à étudier le climat, il s’agit encore d’un objet indépendant de l’action humaine, appartenant à la nature. Aujourd’hui, pour étudier le climat, il est crucial de prendre en compte les effets des actions humaines. Comment les physiciens, dont les objets sont souvent indépendants des humains (sauf lorsqu’il s’agit d’artefacts), font-ils face à ce changement ? Leurs façons de faire doivent-elles être elles aussi transformées ? La nature, en tant qu’étudiée par les physiciens, doit-elle être appréhendée autrement quand on cherche à connaître le climat et quand on cherche à connaître l’univers ?

Éclairage n° 4 : La réconciliation avec la nature, Jean-Marie Frey

Présentation : Comment la civilisation industrielle nous sépare-t-elle de notre environnement naturel ? Quelle réconciliation de l’homme avec la nature devons-nous envisager ?

Texte illustratif : « Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l’eau de plus près ; mais elles ne sont pas moins riantes. S’il y a moins de culture de champs et de vignes, moins de villes et de maisons, il y aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d’asiles ombragés de bocages, des contrastes plus fréquents et des accidents plus rapprochés. Comme il n’y a pas sur ces heureux bords de grandes routes commodes pour les voitures, le pays est peu fréquenté par les voyageurs ; mais il est intéressant pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s’enivrer à loisir des charmes de la nature, et à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents qui tombent de la montagne ! », J.-J. Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, V

Sujet n° 2 : L’artiste est-il maître de son travail ?

Éclairage n° 1 :   L’artiste, l’artisan et le scientifique, Jean Marie Frey

Présentation : La perspective, dans la peinture italienne de la Renaissance, nous présente un espace homogène en toutes ses parties. Une étendue purement géométrique que nous ne voyons pas lorsque nous portons nos regards sur le monde qui nous entoure. Comme nos ingénieurs, les peintres italiens, avant même l’invention de la physique galiléenne, se sont tournés vers l’espace qui intéresse les scientifiques. 

Conseil de lecture :  Méditations esthétiques – Réflexions sur l’art et le beau, Jean-Marie Frey, Editions M-Editer 2021

Éclairage n° 2 :  L’art et le monde de la technique, Jean Marie Frey

Présentation : Les pièces d’une machine totalement automatisée sont actionnées par la nature.  » Lorsqu’une montre marque les heures par le moyen de roues dont elle est faite, remarque Descartes, cela ne lui est pas moins naturel qu’il est à un arbre de produire des fruits. » Ainsi, les automates industriels fabriquent des objets en mettant en branle des mécanismes naturels.

Conseil de lecture :  Méditations esthétiques – Réflexions sur l’art et le beau, Jean-Marie Frey, Editions M-Editer 2021

Éclairage n° 3 : La beauté, Joël Gaubert

Présentation : Qu’y a-t-il de plus paradoxal et de plus profondément décevant que de ne plus pouvoir parler ouvertement aujourd’hui de la beauté sans être soupçonné de naïveté, tant elle a été elle-même frappée de mutisme voire d’interdiction par toutes les « déconstructions » de la métaphysique, toutes les « ruptures » des « avant-gardes artistiques », toutes les industries du divertissement de masse et toutes les formes de nihilisme qui en résultent ? La beauté ne continue-t-elle pas, pourtant, de faire l’objet d’une irréductible expérience qui, modestement mais résolument, féconde toujours l’existence humaine, dans sa dimension proprement esthétique, certes, mais aussi dans les domaines éthique (comme en amour et en amitié) et socio-politique (dans le partage du sensible nécessaire à tout sens commun) ?
C’est à redonner la parole et droit de cité à cette expérience de la beauté que nous espérons ici contribuer, en dialogue avec les Anciens et les Modernes, en nous instruisant à la fois des principes de la philosophie et des révélations de la littérature et des autres arts, comme de la vie la plus quotidienne.

Éclairage n° 4 : L’art et le beau, 100 réflexions philosophiques pour approcher ou approfondir le sujet

Présentation :  Que serait une existence humaine sans l’expérience de la beauté ? Un corps, une chanson, l’éclat d’un poème, la majesté d’un édifice, la pureté d’une forme, autant de réalités, prosaïques ou sublimes, qui peuvent déclencher en nous un émerveillement, une émotion à la fois singulière et commune. On dit alors : « c’est beau », sans bien savoir de quoi il s’agit. Sans doute d’abord d’un plaisir, des sens et de l’esprit ; mais aussi de la reconnaissance d’une qualité, une harmonie souvent, dont nous sommes bien en peine de décider si elle est dans cet objet même, ou tient à l’effet qu’il provoque en nous ; d’un jugement enfin, qui généralise et communique notre sensation, jusqu’à en faire parfois l’expression d’un partage du sensible

Playlist  de plus de 140 axes de réflexions.

Sujet n° 3 : Explication d’un texte extrait de Les Lois, Platon, (IVe siècle av. J.-C.)

Expliquer le texte suivant :

« Il est nécessaire aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois, sous peine de ne différer en rien des bêtes les plus sauvages. Voici quelle en est la raison : aucun homme ne naît avec une aptitude naturelle à savoir ce qui est profitable pour la vie humaine en société, et même s’il le savait, à pouvoir toujours faire et souhaiter le meilleur. Car en premier lieu, il est difficile de comprendre que l’art politique véritable doit prendre soin, non du bien particulier, mais du bien général – car le bien général rassemble, tandis que le bien particulier déchire les sociétés ; et le bien commun tout autant que le bien particulier gagnent même tous les deux à ce que le premier plutôt que le second soit assuré de façon convenable. En second lieu, même si l’on était assez habile pour se rendre compte que telle est la nature des choses, et qu’on ait à gouverner un État avec un pouvoir absolu et sans rendre aucun compte, on ne pourrait pas rester fidèle à ce principe et faire passer pendant toute sa vie le bien commun de la société au premier rang et le bien particulier au deuxième. En fait la nature mortelle de l’homme le portera toujours à vouloir plus que les autres et à s’occuper de son bien particulier, parce qu’elle fuit la douleur et poursuit le plaisir sans tenir compte de la raison, qu’elle les fera passer l’une et l’autre avant le plus juste et le meilleur, et, s’aveuglant elle-même, elle finira par se remplir, elle et toute la société, de toutes sortes de maux. »
Platon, Les Lois (IVe siècle av. J.-C.)

Rédaction de la copie

Le candidat a le choix entre deux manières de rédiger l’explication de texte.

Il peut :
– soit répondre dans l’ordre, de manière précise et développée, aux questions posées (option n°1);
– soit suivre le développement de son choix (option n°2).
Il indique son option de rédaction (option n°1 ou option n°2) au début de sa copie.

Question de l’option n°1

A. Éléments d’analyse

1. Expliquez pourquoi vivre sans lois serait vivre comme « les bêtes les plus sauvages ».

2. Expliquez pourquoi « l’art politique véritable doit prendre soin (…) du bien général ».

3. Quel sens peut-on donner à l’expression « le plus juste et le meilleur » ?

B. Éléments de synthèse

1. Quelle est la question à laquelle l’auteur répond dans ce texte ?

2. Dégagez les différents moments de l’argumentation.

3. En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l’idée principale du texte.

C. Commentaire

1. D’après le texte, quels sont les maux qui peuvent menacer la société ?

2. En vous appuyant sur votre compréhension du texte, vous vous demanderez s’il est possible, et de quelle manière, de concilier le bien des individus et celui de la communauté.

Éclairage n° 1 : L’individualisme peut-il être légitimé ?, Michel Magnant

Présentation : L’individualisme promu par la modernité trouve sa forme la plus radicale dans la pensée de Max Stirner développée dans L’unique et sa propriété en 1845 : il est question ici de l’ « unique » comme substantif, c’est à dire d’un sujet absolument singulier et sans pareil, souverainement libre et auto-suffisant. Cette conception qui paraît définir la forme ultime du solipsisme, prétend cependant moins à constituer un principe métaphysique qu’à inaugurer un programme révolutionnaire : celui visant à dénoncer toutes les aliénations du moi, toute prétention à le réduire, le catégoriser ou l’intégrer dans des genres. Stirner définit ici les fondements et les visées de l’anarchisme : quelle place est alors laissée à la reconnaissance des autres, quels types de relations sont ouverts d’unique à d’autres, tout autant uniques ?

En savoir plus sur l’auteur  http://m-editer.izibookstore.com/auteur/29/Michel%20MAGNANT

Éclairage n° 2 : L’anarchisme ? Avec PROUDHON, de quoi parlons-nous ?, Olivier Dekens

Présentation : L’anarchisme n’a généralement pas bonne presse. Souvent réduit à une forme de goût pour le désordre, ou d’allergie de principe à l’idée d’autorité, on a pris l’habitude, en philosophie, de le considérer comme marginal, par rapport à la grande tradition du contractualisme – de Locke à Rawls – ou par rapport aux différentes versions du marxisme. Il tend tout de même à revenir en grâce aujourd’hui, par de nouvelles lectures de ses auteurs historiques – dont, en premier lieu, Proudhon- comme par la redécouverte de ses réminiscences plus contemporaines, par exemple chez Pierre Clastres, dont la lecture inspire bien des alternatives politiques aujourd’hui. Il s’agira d’essayer, à partir de l’œuvre de Proudhon Qu’est-ce que la propriété ? de mieux saisir le principe anarchiste et son éventuelle fécondité.

Conseils de lecture : Pierre-Joseph Proudhon, Qu’est-ce que la propriété ?, Paris, Le Livre de Poche, 2009

Éclairage n° 3 : Agir par devoir, et non par intérêt, c’est rendre possible la liberté., Jean Marie Frey

Présentation : Agir moralement, c’est agir par devoir, et non par intérêt. La loi morale me commande donc indépendamment de mes penchants. Elle est indifférente à mes désirs. Une telle prescription est bien exigeante ! Au nom de quoi me commande-t-elle ?

Éclairage n° 4 : Quel est cet autre auquel on obéit ?, Michel Malherbe

Présentation :  On n’obéit pas à la loi, on obéit toujours au commandement d’un autre, car la loi, qui n’est pas un autre, ne peut commander qu’on obéisse à la loi. Quel est cet autre auquel on obéit ? La réponse est ambiguë, car on trouve deux choses dans l’obéissance : le fait de la soumission et la rationalité de cette soumission à un pouvoir que l’on ne détient pas.

En savoir plus sur l’auteur Michel Malherbe https://m-editer.izibookstore.com/auteur/23/michel-malherbe

Éclairage n° 5 :  Le contrat social, Jean-Marie Frey

Présentation : La République n’est pas une réalité naturelle. Elle s’enracine dans un contrat. Jean-Jacques Rousseau étonne son lecteur lorsqu’il énonce les stipulations de cette convention. « Ces clauses bien entendues se réduisent toutes à une seule, écrit-il, savoir l’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à la communauté » (Du Contrat social, I, 6). Certes, la République privilégie un dessein collectif. Toutefois, le vrai républicain sait bien que la communauté à laquelle il est attaché est indissociable de la liberté.

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Rédacteur :  © Stéphane Vendé

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