Chers amis,

Les Rencontres de Sophie se dérouleront cette année à La Cité des Congrès de Nantes avec pour thème « Le peuple » les 19 et 20 mars 2022 et au Théâtre de Saint-Nazaire les 25 et 26 mars 2022.

Présentation du thème : La démocratie est cet étrange régime politique qui associe à l’évidence de sa légitimité l’obscurité de sa source : le peuple. Mais qui est ce peuple ? Tous les habitants d’un territoire ? Une communauté homogène liée par une langue, une histoire, une culture ? N’existe-t-il qu’au moment de l’élection ou dans l’exercice de la citoyenneté ? Ou encore, comme ce que suggèrent les populismes, le peuple n’est-il qu’une masse s’opposant aux élites ? Il s’agira également de réfléchir à ce que l’on qualifie de populaire : une classe, une culture, une littérature, un art. À l’horizon de ces rencontres : la conviction que le travail de la pensée peut contribuer à une construction plus juste de notre existence en commun.
Les Rencontres de Sophie sont heureuses de se produire pour la première fois à La Cité des Congrès de Nantes et de participer aux festivités de ses 30 ans !

Intervenants : André Guigot, Armelle Grenouilloux, Audrey Jougla , Axelle Petit, Camille Dreyfus-Le Foyer, Caroline Baudouin, Céline Belloq, Chantal Mouffe, Cyril Hunault, David Cayla, Éric Pessan, Éric Szulman, Évelyne Guillemeau, Franck Robert, Françoise Mélonio, Gabrielle Marion Ledru, Gabrielle Radica, Gérard Bras, Guénaël Boutouillet, Isabelle Garo, Jacques Ricot, Jean-Clément Martin,, Jean-François Crépel, Jean-Luc Jousse, Jean-Luc Nativelle, Jean-Marie Frey, Joël Gaubert, Katia Genel, Marie Cartier, Michel Malherbe, Nadia Taïbi, Olivier Dekens, Pascal Massiot, Philippe Cormier, Pierre Dardot, Pierre Rosanvallon, Roland Depierre, Sylvain Portier, Thibault Héry, Yannick Guin, Yoann Malinge, Yvon Quiniou

Organisateurs : Association Philosophia en partenariat avec La Cité des Congrès de Nantes.

Les Rencontres de Sophie ont été préparées par : Céline Belloq, Olivier Dekens, Camille Dreyfus-Le Foyer (Présidente), Joël Gaubert, Agnès Grivaux, Denis Moreau, Jean-Luc Nativelle, Jacques Ricot, Nadia Taïbi, Stéphane Vendé, Jean-Michel Vienne.

Les Rencontres de Sophie sont heureuses de se produire pour la première fois à La Cité de Congrès les 19 et 20 mars 2022 et de participer aux festivités de ses 30 ans ! https://lacite-nantes.fr/production/les-rencontres-de-sophie-726203.html

Ces Rencontres de Sophie se poursuivront les 25 et 26 mars 2022 au Théâtre de Saint-Nazaire. https://www.letheatre-saintnazaire.fr/spectacles/tables-rondes-philo 

Se rendre à La Cité des Congrès de Nantes
5, rue de Valmy, 44000 Nantes
Bus : 54, C2 et C3 – lieu unique    À pied : 5mn depuis la Gare SNCF
Tramway : Ligne 1 – Duchesse Anne  Parking : La Cité, Le Centre des Congrès
BusWay : Ligne 4 – Cité Internationale des Congrès
Bicloo et voitures Marguerite : emplacements devant la Cité
www.lacite-nantes.fr

Se rendre au Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire
RUE DES FRÈRES PEREIRE, BP 150 – 44603 SAINT-NAZAIRE CEDEX
Administration 02 40 22 39 38 Billetterie 02 40 22 91 36
Courriel accueil@letheatre-saintnazaire.fr

SAMEDI 19 MARS

14h00 – 19h30 : salle 200

Abécédaire « Le Peuple »
Le peuple décliné en 13 séquences de 20 minutes
Abécédaire partie 1 : Le peuple de A à M

Livret de présentation …/…

16h30 – G – Gilets jaunes, Axelle Petit
16h55 – H – Hygiénisme, André Guigot
17h20 – I – Israélites, Philippe Cormier
17h45 – J – Jacques Chirac, Sylvain Portier
18h10 – K – Kapital Jean-François, Crépel
18h35 – L – La vague, Caroline Baudouin
19h00 – M – Misérables, Franck Robert

14h30 – 15h30 : salle 400
Qui est le peuple ?
Conférence de Gérard Bras

Présentation : Le nom de « peuple » comporte plusieurs sens, selon celui qui l’utilise, selon les moments de l’histoire. S’agit-il d’un mot fourre-tout disponible pour toutes les démagogies ? Nous montrerons, au contraire, que c’est un nom qui pose la question de l’égalité, dans tous ses aspects, et qui engage à s’interroger sur la démocratie et sa puissance.

Gérard Bras est professeur de philosophie et président de l’Université Populaire des Hauts-de-Seine. Son travail porte sur l’esthétique, la philosophie politique et Spinoza. Il collabore au groupe d’étude du Matérialisme Rationnel qui édite depuis plus de vingt ans des ouvrages sous le titre collectif « De la Puissance du peuple ». Il a notamment publié Les ambiguïtés du peuple (Pleins Feux, 2008) ; Les voies du peuple (Amsterdam, 2018), dirigé De l’injustice (Le Pont 9, 2019) et, avec Chantal Jaquet, La fabrique des transclasses (PUF, 2018).

16h00 – 17h00 : salle 400
Un peuple recomposé
Conférence de Marie Cartier

Présentation : Après avoir rappelé les principes et les limites d’une approche à la fois sociologique, anthropologique et historique du peuple, caractérisée par l’usage de la notion de « classes populaires », il s’agira d’attirer l’attention sur les changements qui affectent les mondes populaires, tant au travail que dans la famille, ainsi que sur un certain rapport aux institutions qui pourrait fragmenter ces mondes. On réfléchira aussi de façon plus personnelle à des problèmes actuels, interrogeant les possibilités d’alliances entre différentes composantes du peuple, comme entre le peuple et ses appartenances à différents groupes sociaux.

Marie Cartier est professeure de sociologie à l’Université de Nantes et chercheuse au Centre nantais de sociologie. Ses travaux portent sur les transformations des classes populaires à partir d’enquêtes sur les emplois subalternes ou sur l’économie domestique des ménages populaires (consommation, éducation, rapports hommes / femmes…). Elle a publié plusieurs ouvrages dont Les facteurs et leurs tournées, un service public au quotidien (La Découverte, 2003) et, plus récemment, avec Y. Siblot, I. Coutant, O. Masclet, N. Rénahy Sociologie des classes populaires contemporaines (Armand Colin, 2015) et avec O. Masclet, T. Amossé, L. Bernard, M.-H. Lechien, O. Schwartz et Y. Siblot Être comme tout le monde. Employées et ouvriers dans la France contemporaine (Raisons d’agir, 2020).

16h00 – 17h00 : salle 100
Le peuple chez Rousseau
Cabinet de l’historien par Gabrielle Radica

Présentation : La notion de peuple invite à différents types d’analyse chez Rousseau : le peuple est certes l’auteur des lois, mais cet auteur est aussi peu savant et compétent pour les élaborer qu’il est légitime et indispensable pour les voter. Si le peuple est au fondement du politique selon Rousseau et s’il détient bien le pouvoir constituant, son rôle dans la politique (sa qualité d’agent collectif spécifique), ainsi que son statut sociologique (c’est lui que l’on consulte au sujet des moeurs dont il est la source) et historique (il peut se corrompre, se défendre, se laisser subjuguer, etc.), font l’objet d’une analyse complexe. On trouve ainsi dans l’oeuvre rousseauiste l’expression de tensions qui traversent la notion de démocratie.

Gabrielle Radica est professeure de philosophie à l’Université de Lille. Elle est spécialiste de Rousseau et de la philosophie du XVIIIe siècle.

17h30 – 18h45: salle 400
Écrire pour tous
Entretien avec Éric Pessan, animé par Guénaël Boutouillet

Éric Pessan est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages : des romans, des pièces de théâtre, des textes destinés à la jeunesse, des livres réalisés avec des plasticiens. Il est membre du comité de rédaction de la revue Espace(s) publiée par l’Observatoire de l’espace, le laboratoire art-science du Centre National d’Études Spatiales (CNES). Il anime régulièrement les ateliers d’écriture, principalement en milieu scolaire.

Entre autres publications : Quichotte autoportrait chevaleresque (Fayard, 2018); La connaissance et l’extase (L’attente, 2019); La nuit du second tour (Albin Michel, 2016).

Guénaël Boutouillet est médiateur littéraire. Il lit, écrit (des chroniques et critiques, sur ses blogs et ailleurs sur le web), interroge (des auteurs, lors des nombreux débats et rencontres qu’il anime, en festivals et médiathèques), prescrit (lors de présentations de « rentrées littéraires » ou autres regroupements thématiques) des livres et des auteurs autour du contemporain.

18h00 – 19h00: salle 100
Tocqueville : éduquer le peuple ?
Cabinet de l’historien par Françoise Mélonio

Présentation : Dans un discours du 16 juin 1789, Mirabeau distingue trois acceptions du « peuple »: le vulgus, que les aristocrates appellent « la canaille »; la plebs, catégorie sociale inférieure ; le populus qui dans « la langue de la liberté » désigne la nation. Tocqueville craint le vulgus déchaîné des révolutions (surtout en 1848); il sait le temps de l’égalité venu et la nécessité d’une politique sociale, tout en redoutant le socialisme ; il croit à l’éducation du populus, dont il espère qu’elle remédiera à la violence et la misère mais se bat vainement contre l’élection triomphale de Louis Napoléon Bonaparte au suffrage universel. Position dont l’inconfort théorique et politique dit bien la difficulté d’une transition démocratique interminable.

Françoise Mélonio est professeure émérite à l’Université de Paris I-PanthéonSorbonne. Elle est secrétaire scientifique de la commission de publication des Oe uvres complètes de Tocqueville, dont les derniers volumes sont parus en 2021. Elle a par ailleurs travaillé à l’édition des oe uvres de Tocqueville dans les collections La Pléiade et Quarto chez Gallimard et la collection Bouquins chez Laffont.est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages : des romans, des pièces de théâtre, des textes destinés à la jeunesse, des livres réalisés avec des plasticiens. Il est membre du comité de rédaction de la revue Espace(s) publiée par l’Observatoire de l’espace, le laboratoire art-science du Centre National d’Études Spatiales (CNES). Il anime régulièrement des ateliers d’écriture, principalement en milieu scolaire.

Entre autres publications : Quichotte autoportrait chevaleresque (Fayard, 2018); La connaissance et l’extase (L’attente, 2019); La nuit du second tour (Albin Michel, 2016).

20h30 – 22h00: salle 400
Faut-il avoir peur du populisme ?
Débat avec Chantal Mouffe, Yannick Guin et David Cayla, animé par Pascal Massiot

Présentation : À en croire les médias et nombre d’observateurs, le monde actuel est confronté à la montée inexorable du populisme, synonyme de danger ou de menace. Mais force est de constater que le terme « populisme » est un mot-valise par excellence: il est sur toutes les lèvres, connaît une extension mondiale sans que l’on puisse s’accorder sur une déf inition tant universelle qu’irréfutable. Populisme de gauche, de droite, de quoi parle-t-on précisément? S’agit-il d’une tendance à privilégier la parole du peuple au détriment des élites ? À user de démagogie pour f latter les opinions et ainsi tromper la foule, lui faisant croire qu’elle a toujours raison et que le pouvoir est en elle? Ou s’agit-il d’en appeler aux fondamentaux de notre démocratie, le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple? Le populisme participe-t-il d’une réaction face au « désenchantement démocratique » et au développement des inégalités? Dérive manipulatoire pour les uns, espoir de souveraineté pour les autres, faut-il avoir peur du populisme?

Chantal Mouffe est professeure émérite de philosophie politique à l’Université Westminster de Londres. Elle a notamment publié Hégémonie et stratégie socialiste (Fayard, 2019); Agonistique (Editions des Beaux Arts, 2014); L’illusion du consensus (Albin Michel, 2016) et Pour un populisme de gauche (Albin Michel, 2018).

Yannick Guin est professeur honoraire à l’Université de Nantes (Histoire du Droit, des Institutions et des Idées politiques). Il a été adjoint au Maire de Nantes (1989-2014), Vice-Président de Nantes Métropole, chargé de l’Enseignement et de la Recherche (2008-2014). Il est notamment l’auteur du Mouvement ouvrier à Nantes et Saint-Nazaire (Maspero, 1976) et de l’Éco-Socialisme (Le Petit Véhicule, 2020).

David Cayla est économiste et enseigne à l’Université d’Angers. Il étudie l’épistémologie et l’histoire de la pensée économique à l’Université Paris 1, puis obtient un doctorat d’économie en 2007. Défenseur d’une économie hétérodoxe ouverte aux autres sciences sociales, il rejoint en 2013 le collectif des « Économistes atterrés ». Son dernier ouvrage Populisme et néolibéralisme – Il est urgent de tout repenser est paru aux éditions « Deboeck supérieur » en 2020.

Pascal Massiot, journaliste, est responsable éditorial de Pop’média, média nantais citoyen, numérique et coopératif.

Dimanche 20 MARS

14h00 – 19h30 : salle 200

Abécédaire « Le Peuple »
Le peuple décliné en 13 séquences de 20 minutes
Abécédaire partie 2 : Le peuple de N à Z

Livret de présentation …/…

16h30      T      Totalitaire, Nadia Taïbi
16h55      U      Unité et multitude, Évelyne Guillemeau
17h20      V      Volonté générale, Jean-Marie Frey
17h45      W      Wei renmin, Fuwu Roland Depierre
18h10      X      Xénélasie, Jacques Ricot
18h35      Y      guaYaki, Olivier Dekens
19h00      Z      Zola, Jean-Luc Jousse

14h30 – 15h30: salle 400
Le peuple en révolution
Entretien avec Jean-Clément Martin, animé par Éric Szulman

Jean-Clément Martin est professeur émérite à l’Université Paris I. Il a consacré ses recherches à la Révolution française, à la Contre-Révolution, et plus particulièrement aux guerres de Vendée. Il s’est notamment intéressé à la question de la violence politique, et à celle des conditions de la vérité historique. Il a, entre autres, publié Infographie de la Révolution (Passés composés, 2021); Robespierre (Perrin, 2018); L’exécution du roi, (Perrin, 2021); Les échos de la Terreur (Belin, 2018).

Éric Szulman est agrégé et docteur en histoire moderne. Il est professeur en classes préparatoires au Lycée Clémenceau de Nantes.

14h45 – 15h45: salle 100
Le peuple chez Marx, entre classe et nation : quelle actualité ?
Cabinet de l’historien par Isabelle Garo

Isabelle Garo, philosophe et professeure de philosophie, collabore à la revue en ligne Contretemps et à la GEME (Grande Édition des oeuvres de Marx et d’Engels). Elle est l’auteure de plusieurs livres autour et à partir de Marx: L’idéologie ou la pensée embarquée (La Fabrique, 2009); Foucault, Deleuze, Althusser & Marx (Démopolis, 2011); L’or des images – art, monnaie, capital (La Ville Brûle, 2013); Communisme et stratégie (Amsterdam, 2019).

16h00 – 17h00: salle 400
Le peuple comme acteur de la souveraineté
Conférence de Pierre Dardot

Présentation : Le concept de souveraineté populaire requiert d’être problématisé à nouveau, à la lumière des formes actuelles de la souveraineté de l’État et des nouveaux défis du monde. La souveraineté de l’État est le principe d’une domination exercée sur les citoyens par les représentants de l’État: la souveraineté du peuple. Comprise en un sens purement électoral, elle est devenue la légitimation de la souveraineté de l’État exercée par les représentants. La souveraineté populaire consiste, quant à elle, en des pratiques de contrôle actif et permanent des gouvernants qui remettent en cause la logique même de la représentation politique.

Pierre Dardot est philosophe. Il enseigne à l’Université de Paris-Nanterre. Il est l’auteur, en collaboration avec Christian Laval, de La nouvelle raison du monde (La Découverte, 2010); Marx, prénom: Karl (Gallimard, 2012); Commun (La Découverte, 2014); Dominer. Enquête sur la souveraineté de l’État (La Découverte, 2020); Le choix de la guerre civile. Une autre histoire du néolibéralisme (Lux, 2021).

16h30 – 17h30: salle 100
Le peuple introuvable ? Arendt et le défi de la politique
Cabinet de l’historien par Katia Genel

Présentation : Le peuple est une figure centrale de la pensée d’Arendt: elle a analysé les totalitarismes et l’instrumentalisation du peuple, l’exclusion des réfugiés, l’émergence du peuple par la révolution, ou encore la désobéissance civique. Mais dans sa conception de la politique, le peuple n’a pas un sens classique. Si le peuple confère une légitimité aux institutions, ce n’est pas en vertu d’une quelconque souveraineté nationale par laquelle sa volonté serait la source de la loi. Le peuple advient bien plutôt avec l’action libre. Nous voudrions montrer que le peuple est fragile, voire introuvable chez Arendt: il n’est nullement une essence préexistante. Il est en un sens toujours à construire et il n’existe que dans et par l’action.

Katia Genel est agrégée, docteure en philosophie, et maîtresse de conférences à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne. Elle est actuellement en détachement au Centre Marc Bloch de Berlin, dont elle est la directrice adjointe. Elle est spécialiste de philosophie allemande et de philosophie sociale et politique et a publié Hannah Arendt: L’expérience de la liberté (Belin, 2016).

18h00 – 19h30: salle 400
Populisme et démocratie
Conférence de Pierre Rosanvallon

Présentation : Le peuple est le fondement incontournable de tout régime démocratique. Mais le terme de populisme qui s’y réfère désigne en même temps un type de régime ou de mouvement politique qui suscite les critiques, les craintes ou les interrogations de beaucoup. La conférence s’interrogera sur les rapports de l’idéal démocratique et du populisme en prenant au sérieux les ambitions de ce dernier. C’est-à-dire en ne le réduisant pas à une simple expression de colère ou à un discours démagogique, mais en le comprenant comme une culture politique qui a sa cohérence. On montrera que c’est seulement en en faisant la théorie de façon consistante que l’on peut entreprendre de le discuter et de le critiquer sur le fond.

Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France, où il est titulaire de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages d’histoire et de philosophie politique et a récemment publié Notre histoire intellectuelle et politique 1968-2018 (Le seuil, 2018); Le siècle du populisme, (Le Seuil, 2020) et, Les épreuves de la vie (Le Seuil, 2021).

Samedi 26 mars au Théâtre de Saint-Nazaire

 

14h30 – 15h30
Le peuple existe-t-il ? Conférence de Jacques Rancière

Présentation : Sous le nom de peuple on a coutume de désigner des choses bien différentes: une population saisie dans son ensemble (le peuple français), une partie de cette population (le peuple contre les élites), un sujet politique identifié par ses performances (le peuple électoral qui a tranché ou le peuple en colère
qui descend dans la rue). Qu’est-ce qui permet de ramener ces significations à une même notion et un même sujet? Ne faut-il pas penser plutôt que le peuple n’existe pas mais seulement des formes de peuple qui sont toujours l’objet d’inventions et de luttes singulières?

Né à Alger en 1940, Jacques Rancière a enseigné de 1968 à 2000 au département de Philosophie de l’Université Paris VIII, ainsi qu’à l’European Graduate School et dans diverses universités américaines. Il est notamment l’auteur, aux éditions La Fabrique, des ouvrages suivants : Les trente inglorieuses (2022); Les mots et les torts (2021); Les temps modernes (2018); En quel temps vivons-nous? (2017); La Haine de la démocratie (2005); Le partage du sensible (2000).

16h00 – 17h30
Entretien avec Gérard Mordillat, animé par Jean-Luc Nativelle

Présentation : S’il est une oeuvre, en France, qui s’intéresse au peuple, c’est bien celle de Gérard Mordillat. Tous ses livres, tous ses films, presque tous ses documentaires sont des déclinaisons d’un même thème: la vie des gens invisibles et qui n’ont pas vraiment droit à la parole. Ses « héros » se battent avec la dureté de la vie, avec les injustices et les inégalités sociales – et ils y montrent une dignité qui n’est pas donnée à tout le monde. Il n’y a pas de personnages secondaires dans les romans et dans tout le travail de Mordillat: chacun, chacune a son épaisseur, fait ses choix, rencontre son destin avec la tête haute et sans jamais s’avouer vaincu d’avance. C’est aussi parce que les autres sont là, que l’amour, l’amitié, la fraternité sont des liens qui tiennent et se renforcent dans l’adversité. Et puis, il y a les livres, la littérature, omniprésents dans ces histoires où tout semble condamné au sordide, mais où la poésie sauve les êtres et les grandit en humanité.

Gérard Mordillat, romancier, cinéaste, membre du club des Papous dans la tête de France-Culture, a publié entre autres Vive la sociale ! , Rue des Rigoles , L’Attraction universelle, Les Vivants et les morts , Notre part des ténèbres et a réalisé de nombreux films de fiction et des documentaires pour le cinéma et la télévision, comme En compagnie d’Antonin Artaud , Paddy , Billy-ze-ick … Il est, avec Jérôme Prieur, l’auteur des séries télévisées Corpus Christi , L’Origine du christianisme , L’Apocalype.

Jean-Luc Nativelle est professeur agrégé de philosophie, enseignant en classes préparatoires aux grandes écoles à Angers. Il intervient également à l’Université Permanente de Nantes.

18h00 – 19h00
L’approche sociologique du peuple
Conférence d’Isabelle Coutant

Présentation : Qu’est-ce que le peuple pour les sociologues? Quelles catégories mobilisent-ils pour l’étudier et rendre compte de ses transformations? Pourquoi parlent-ils aujourd’hui des classes populaires au pluriel? Ce pluriel met-il à mal les possibilités d’un horizon commun? Ce questionnement servira de fil conducteur à un regard rétrospectif sur plusieurs enquêtes qui m’ont menée des ouvriers de Saint-Nazaire aux grands ensembles de la région parisienne, en passant par les « petits-moyens » des quartiers pavillonnaires jusqu’à la « crise migratoire » de 2015.

Isabelle Coutant est sociologue, directrice de recherche au CNRS. Elle est l’auteure de Délit de jeunesse (La Découverte, 2005) ; Les migrants en bas de chez soi (Seuil, 2018), et co-auteure de La France des « petits-moyens » (La Découverte, 2008) et de Sociologie des classes populaires contemporaines (Armand Colin, 2015).

20h30 – 22h00
Débat avec Judith Revel et Florent Guénard, animé par Agnès Grivaux

Présentation : Que ce soit par le vote, comme lors des dernières élections américaines ou lors du référendum du Brexit, par des mobilisations et des mouvements sociaux récents comme l’occupation de places, ou encore par l’émergence de nouvelles formes de populisme, la démocratie représentative semble aujourd’hui remise en question. Comprise en un sens large, cette forme d’organisation politique qui permet au peuple de participer à la vie politique par l’élection de représentants qui légifèrent et gouvernent pour lui, se voit reprocher de donner à la fois trop et trop peu. D’un côté, elle donnerait trop peu, au sens où elle impliquerait une faible représentation du peuple et de ses intérêts par les élites élues censées les représenter. Mais, de l’autre, elle donnerait trop, en concédant un rôle trop important à la démagogie ou aux décisions populistes dans son mode de gouvernement. Ainsi, un certain nombre de questions peuvent aujourd’hui être posées : quel est le rôle que joue le peuple au sein d’une démocratie représentative? La démocratie représentative trahit-elle ou réalise-t-elle l’idée démocratique? Les limites du régime démocratique nourrissent-elles forcément l’émergence du populisme? Quel est le rapport du peuple aux élections? Comment pourrait-on repenser et redéfinir la démocratie pour la sortir de ces impasses et la rattacher au commun?

Judith Revel est philosophe, spécialiste des pensées française et italienne contemporaines. Après un premier doctorat de philosophie obtenu en Italie , elle a soutenu en France une thèse de doctorat en philosophie sous la direction de Marcel Gauchet (EHESS, 2005).

Florent Guénard, agrégé et docteur en philosophie, est maître de conférences à l’École Normale Supérieure (Paris). Spécialiste de philosophie politique et morale, il est notamment l’auteur de Rousseau et le travail de la convenance (H. Champion, 2004) et de La Démocratie universelle. Philosophie d’un modèle politique (Paris, Seuil, 2016).

Agnès Grivaux est normalienne, agrégée et titulaire d’un doctorat en philosophie de l’ENS et de l’Université Goethe de Francfort. Depuis septembre 2019, elle est maîtresse de conférences en philosophie allemande à l’Université de Nantes.

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